Verre Cristal

Crystal

Dans le creuset d’argile réfractaire, d’impatience, je bouillonne. Cristal, je rayonne. Enfin une canne métallique plonge dans mon magma incandescent, cueille une once du plasma en fusion. Tiens une femme ! Son oxygène me gonfle dans un tournoiement. Vers le fourneau, je l’attire. Elle glane ma substance, me nourrit de pulpe, silice, potasse, oxyde de plomb qui me fera chanter. Dans l’aller et retour, du four à l’acier du marbre, elle danse, butine pour fructifier mon galbe, exhale des senteurs de vigne dans l’embouchure. D’un pouce, elle obture, suit l’excroissance de mon bulbe. Elle me roule sur le métal, me décore de pigments, et toujours, toujours, tourne le miel flamboyant. L’envergure lui plaît, elle s’assied sur le banc de verrier. La mailloche me façonne, la mouillette me caresse. Va et vient de l’assise au Gloria pour garder mon ardeur. Et toujours, elle tourne, tourne. Un homme approche le pontil au bout du ferret, colle au cul. D’un léger choc, elle me libère de la canne. Par vagues, du Gloria au banc, les fers échancrent ma bouche. Elle se dresse, m’élève, me saoule de rotations de plus en plus rapides. Ma bulle s’étale en corolle, comme une fleur au soleil. Applaudissement avant le refuge dans l’arche de recuisson où mes atomes trouveront le calme.